Né en 1954 décédé sur le Lac Majeur en février 2021, de père français et de mère italienne, après avoir obtenu son diplôme du lycée scientifique Vittorio Veneto, il fréquente les cercles théâtraux milanais. Dans les années soixante-dix, il suit les cours de théâtre anthropologique de la Comuna Baires de Milan, un théâtre argentin indépendant fondé à Milan en 1977. Il poursuit son expérience théâtrale avec un groupe des comédiens qui, avec le fondateur historique Mario Montagna, ils fondèrent le Teatro i à Milan. Suite à ces différentes expériences du panorama culturel de l’époque, Jean-Marie Barotte se rapproche du monde du théâtre de recherche international, ce qui l’amène à vivre l’expérience d’acteur sous la direction du metteur en scène et peintre Tadeusz Kantor. À la même époque, il travaille avec la compagnie milanaise Teatro AlKaest avec les comédiens de la compagnie Cricot 2 de Kantor. À la fin des années 1980, après dix ans d’expérimentation aux côtés du grand metteur en scène, Barotte ressent le besoin de développer son propre langage. Ses recherches visuelles débutent lors de tournées théâtrales, réalisant ses premiers dessins dans des chambres d’hôtel à travers le monde.
Pour donner forme à sa pensée, l’artiste s’engage ainsi dans une nouvelle voie : il réalise que la pratique théâtrale ne correspond plus à ses besoins et tire un trait sur sa vie d’acteur pour se consacrer entièrement à la recherche visuelle, qui le conduira au fil des ans à la peinture.
La littérature et la philosophie sont les outils qui l’accompagnent dans son parcours ; les liens avec l’œuvre littéraire d’Edmond Jabès, l’œuvre poétique de Paul Celan, le cheminement spirituel de Saint Jean de la Croix, l’œuvre philosophique de Jacques Derrida, inspirent l’artiste dans un récit philosophico-pictural constant. Son œuvre témoigne d’un recours à une violence picturale presque nécessaire pour parvenir à exprimer la notion de sublime.
Ses œuvres révèlent une profonde réflexion, tant formelle que conceptuelle, qui mûrit du même pas que son cheminement spirituel ; un cheminement qui, dans la série inspirée par la « Noche oscura » de Saint Jean de la Croix, mène de l’obscurité à la lumière. Les noirs veloutés mettent au jour une lueur lointaine et révèlent une voie alternative à l’obscurité, donnant forme à ce dialogue continu de l’existence avec la finitude.
L’artiste travaillait par soustraction : à l’image du théâtre, il soustrayait pour faire de la place à son œuvre. Peut-être en raison de son importante expérience théâtrale, il considérait sa présence comme trop encombrante pour son art. Le sens profond de ses silences et de ses absences doit être considéré comme une longue méditation qui se manifeste à travers ses recherches, les matières impalpables, les formes, les signes, les noirs alchimiques d’où émergent la lumière et la couleur. Sa peinture s’exprime comme un poème, évoluant au gré de renvois philosophiques constants.
Jean-Marie Barotte a vécu intensément l’âge d’or de la vie culturelle milanaise entre les années 1970 et 1990, une période au cours de laquelle certains des plus importants mouvements artistiques milanais ont été portés sur la scène mondiale; cette effervescence lui a permis de se former dans un cadre propice aux rencontres internationales.